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DEVIATION BD
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12 janvier 2008

La Vie est belle malgré tout

Editeur: Les Humanoïdes associés (janvier 1998)Couverture
Collection: Tohu Bohu
Auteur : Seth
ISBN-10: 273161305X
ISBN-13:
978-273161305

C'est l'hiver. Un jeune homme au look retro Extrait_1trés soigné arpente les rues d'une ville nord américaine. Sa silhouette dénote dans le paysage. Du genre solitaire, il est à la recherche de magazines ou de comics anciens, et, en pleine action, on le voit fureter chez un bouquiniste. Les textes qui accompagnent les premières pages du récit nous livrent ses différentes réflexions sur la bande dessinée. De passage en week-end chez sa mère, il reprend rapidement le train pour rejoindre Toronto. Peu aprés, on le voit évoluer en compagnie son unique ami: Chet, mais l'objet de la conversation lui ne s'est pas déplacé pour autant: il s'agit du résultat de ses investigations à la recherche d'illustrés ou de comics rares. Notre narrateur est en effet un collectionneur passionné dont l'obsession permanente est de dénicher les travaux d'illustrateurs disparus ayant été publiés dans le New-york times... Il s'intéresse particulièrement à un certains Kalo, un illustrateur méconnu Extrait_2dont le style captive toute son attention. La recherche de ses dessins ainsi que la compréhension de sa carrière vont constituer le fil conducteur du récit, menant notre narrateur d'espoirs en déceptions à travers tout l'Ontario et ce, pendant plusieurs années...


Récit autobiographique découpé en six parties et regroupant les comics 4 à 9 de la série "Palooka ville","La vie est Belle malgré tout" est un récit introspectif dont les sujets sont multiples. C'est d'une part le regard d'un homme sur le monde en évolution, accompagné d'un ensemble de réflexions sur la destinée persExtrait_3onnelle et plaçant au centre la question des choix individuels. C'est également le regard de cet homme sur la bande dessinée et les rapports de ce monde virtuel et fantasmé sur sa propre vie. C'est aussi une ballade contemplative dans l'Ontario en hiver mais également, " la vie est belle malgrés tout" est l'histoire d'une quête personnelle et d'un travail de recherche de longue halène sur la carrière et les dessins d'un illustrateur canadien méconnu des années 40 :  Jack Kalloway, alias Kalo.
Ce qui est intéressant et particulièrement appréciable c'est d'une part, la lenteur de l'action qui procure au récit un aspect paisible propre à la réflexion (ce n'est d'ailleurs presque qu'une suite de réflexions), mais c'est aussi l'alternance entre les passages ou le narrateur agit, parle, et de longs moments d'introspections ou il nous fait part de ses réflexions personnelles sur le dessin. Ce personnage-narrateur n'a de cesse de mettre en parallèle sa vie réelle et des passages de bandes dessinées qu'il a lu comme s'il était constamment en équilibre entre la réalité et la fiction.
Par ailleurs "la vie est belle malgré tout" est le portrait psychologique d'un collectionneur. Le narrateur recherche dans les vieux illustrés de journaux des morceaux disparus de son enfance : page 42:" des personnages de mon enfance forment une véritable Sainte trinité...ce sont mes parents qui m'on fait connaître ces strips...je ne me suis pas débarrassé de  mes sentiments mélancoliques envers mes parents"... Constamment en recherche de passé, cet homme refuse de s'investir dans le présent. Il délaisse même volontairement sa vie amoureuse pour partir à la recherche d'un illustrateur méconnu et disparu dont on réalise qu'il aurait tout aussi bien pu s'agir de lui même.

Dessin:
l'esthétique du dessins précis et minimaliste jusqu'aux couleurs entre en parfaite adéquation avec le ton de l'histoire. Ce "récit graphique" se caractérise M_ditationégalement par de nombreuses perpectives citadines. Des pages entières sont utilisées à représenter des  rues, des  immeubles, des tours ou bien encore des paysages hivernaux de l'Ontario. On sent que l'auteur retire une certaine jubilation à representer dans le présent, des paysages urbains non objectifs trés marqués par l'esthétique des années 1940. Seth nous dit volontairement que son regard est issu d'une époque révolue, c'est sa façon de distordre la réalité face à l'angoisse du changement : la modernité est bannie.

Solitude, enfance et passé: Le narrateur est souvent seul, mais ne semble jamais écrasé par son environnement. La solitude  ici n'est pas veccu comme un fardeau, bien au contraire. "Je suis obsédé par mon passé jusqu'à la comlaisance. Je scrute mon enfance, ruminant mes souvenirs, selectionnant les moments les plus magiques, comme si j'allais y trouver des solutions miracles à mes problèmes actuels" Seth aborde des problèmes d'ordre psychanalytique par le biai des personnages et énumère les questions: du sens du passé dans le présent, de la part du déterminisme dans l'existence, et pose également la question sur les choix personnels :" On sait bien qu'on aurait pu prendre un autre chemin par le passé, et changer sa vie. Mais cela aurait exigé un terrible effort de volonté. On ressent tout le poids  de l'irréversibilité de la vie, cette sensation témoigne peut-être de l'existence du destin..." A la fin, on apprend que Kalo aprés avoir arrété le dessin, frustré semble-t-il, est devenu business-man...

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